Intervention de hartmann et indemnisation après accident de la route

Imaginez Sophie, victime d'un grave accident de la route. Après plusieurs jours de coma, elle se réveille avec une cicatrice et une poche de colostomie. Une intervention de Hartmann s'est avérée nécessaire pour lui sauver la vie, mais désormais, elle doit apprendre à vivre avec une nouvelle réalité. Cette réalité soulève de nombreuses questions, notamment concernant son droit à une indemnisation juste et complète. La prise en charge après une telle intervention et les démarches d'indemnisation sont des aspects cruciaux pour les victimes d'accidents de la route.

L'intervention de Hartmann est une opération chirurgicale consistant à réséquer une partie du colon ou du rectum, suivie de la fermeture du rectum restant et de la création d'une colostomie terminale, c'est-à-dire l'abouchement du colon à la peau pour permettre l'évacuation des selles dans une poche. Cette procédure est souvent pratiquée en urgence lors de traumatismes sévères de l'abdomen, présentant un risque vital immédiat pour la victime.

Bien que cette intervention soit salvatrice dans des situations d'urgence, elle a des conséquences importantes sur la qualité de vie de la personne, ouvrant droit à une indemnisation spécifique. Nous aborderons également les démarches à suivre pour obtenir une indemnisation adéquate et les recours possibles en cas de litige avec les assurances.

L'intervention de hartmann : aspects médicaux et conséquences

L'intervention de Hartmann, souvent réalisée en urgence après un accident de la route, est une procédure chirurgicale complexe qui peut être nécessaire après un accident de la route ayant causé des lésions graves aux intestins. Comprendre les indications précises, le déroulement détaillé et les conséquences à court et à long terme de cette intervention est essentiel pour les victimes, leurs proches et les professionnels de santé impliqués dans le processus de rétablissement et d'indemnisation. Les séquelles potentielles sont importantes et nécessitent une prise en charge globale.

Indications de l'intervention de hartmann suite à un accident de la route

Plusieurs situations cliniques peuvent justifier une intervention de Hartmann après un accident de la route. Généralement, elle est envisagée lorsqu'il y a des lésions graves du colon ou du rectum qui ne peuvent être réparées par une simple suture, en raison du risque de complications infectieuses et de défaillance des sutures. Une évaluation rapide de la stabilité hémodynamique du patient et du niveau de contamination du péritoine est primordiale pour déterminer la stratégie chirurgicale la plus appropriée. L'équipe chirurgicale doit prendre en compte l'ensemble des lésions abdominales et la présence d'autres traumatismes associés.

  • Traumatismes abdominaux sévères : perforation, lacérations des organes (colon, rectum, intestin grêle) peuvent engendrer une fuite du contenu intestinal dans la cavité abdominale, provoquant une péritonite sévère.
  • Péritonite post-traumatique : L'inflammation généralisée du péritoine due à la rupture du colon ou du rectum crée un environnement septique nécessitant une intervention rapide pour limiter la propagation de l'infection et prévenir un choc septique.
  • Lésions vasculaires coliques : Les problèmes de vascularisation du colon et du rectum, souvent consécutifs à des lésions des vaisseaux mésentériques, pouvant mener à une ischémie et à une nécrose de la paroi intestinale, nécessitent une résection pour éviter une septicémie et un décès.
  • Contusion ou section du rectum ou du sigmoïde : Des lésions directes à ces parties du tube digestif, souvent lors d'accidents à haute énergie (accidents de moto, éjections de véhicules), demandent une intervention de Hartmann pour rétablir la continuité digestive ou, à défaut, contrôler l'infection.

Déroulement de l'intervention chirurgicale

L'intervention de Hartmann consiste en une résection chirurgicale du segment colique ou rectal endommagé, en retirant la partie de l'intestin qui est trop abîmée pour être réparée. Elle implique ensuite la fermeture du rectum distal (partie restante) par une suture ou des agrafes, créant un "cul-de-sac" rectal. La dernière étape est la création d'une colostomie terminale, qui consiste à aboucher l'extrémité proximale du colon à la peau de l'abdomen, permettant ainsi l'évacuation des selles dans une poche extérieure fixée à l'abdomen. Il est primordial que l'intervention soit pratiquée par un chirurgien expérimenté en chirurgie digestive et en traumatologie, afin de minimiser les complications post-opératoires et d'optimiser les chances de rétablissement du patient.

Différentes techniques chirurgicales peuvent être utilisées, notamment la laparotomie (ouverture de l'abdomen par une incision verticale ou transversale) ou la laparoscopie (chirurgie mini-invasive réalisée à l'aide d'une caméra et d'instruments introduits par de petites incisions), en fonction de l'urgence de la situation, de la stabilité hémodynamique du patient, de l'étendue des lésions abdominales et de l'expérience du chirurgien. La durée approximative de l'intervention varie généralement entre 2 et 5 heures, mais peut être plus longue en cas de complications, de lésions associées ou de nécessité de réaliser des gestes complémentaires (réparation d'autres organes, contrôle de saignements). Un saignement important durant l'opération peut nécessiter une transfusion sanguine et la mise en place de drains pour évacuer les liquides et les sécrétions.

Conséquences médicales et psychologiques de l'intervention

L'intervention de Hartmann engendre des conséquences à la fois physiques et psychologiques importantes pour la victime. La gestion proactive et multidisciplinaire de ces conséquences est un élément clé du processus de rétablissement et de réadaptation du patient. Il est crucial d'avoir un suivi médical régulier et attentif, ainsi qu'un soutien psychologique adéquat pour faire face aux défis posés par la colostomie et les séquelles de l'accident. La rééducation et la kinésithérapie peuvent également jouer un rôle important dans la récupération fonctionnelle.

  • Conséquences physiques :
    • Inconfort et douleurs post-opératoires, nécessitant une prise en charge médicamenteuse adaptée, incluant des antalgiques, des anti-inflammatoires et, parfois, des opioïdes pour soulager les douleurs les plus intenses.
    • Gestion de la colostomie : apprentissage des soins de stomie, choix des poches de colostomie adaptées, prévention et traitement des complications potentielles comme l'irritation cutanée, le prolapsus (extériorisation de la stomie), la sténose (rétrécissement de la stomie), les fuites et les occlusions. Environ 15 à 20% des patients présentent des complications liées à la stomie dans les six mois suivant l'intervention.
    • Impact sur la digestion et l'absorption des nutriments, pouvant entraîner des carences nutritionnelles (vitamines, minéraux, oligo-éléments) et une perte de poids. Un suivi diététique est souvent nécessaire pour adapter l'alimentation et prévenir les carences.
    • Risque d'infections post-opératoires, comme les infections du site opératoire (abcès de paroi), les infections urinaires, les pneumonies et les infections liées aux cathéters, qui nécessitent une surveillance attentive et un traitement antibiotique rapide. Le taux d'infections post-opératoires varie entre 5 et 10% selon les études.
  • Conséquences psychologiques :
    • Troubles de l'image corporelle et de l'estime de soi, liés à la présence de la colostomie, à la cicatrice abdominale et aux modifications de la fonction intestinale. Ces troubles peuvent entraîner un repli sur soi, une diminution de la vie sociale et des difficultés relationnelles.
    • Anxiété et dépression liées à la colostomie, à son entretien, à son impact sur la vie quotidienne et à la peur des complications. Environ 30 à 40% des patients développent des symptômes dépressifs après une colostomie, nécessitant une prise en charge psychologique et, parfois, un traitement antidépresseur.
    • Impact sur la vie sociale et intime, nécessitant une adaptation, une communication ouverte avec le partenaire et un accompagnement sexologique. La colostomie peut entraîner des difficultés relationnelles, une diminution de la libido et une altération de la qualité de vie sexuelle.
    • Nécessité éventuelle d'un accompagnement psychologique (thérapie individuelle, thérapie de groupe, relaxation, hypnose) pour faire face à ces difficultés émotionnelles, améliorer l'estime de soi, gérer le stress et retrouver une qualité de vie satisfaisante. Le soutien des proches et des associations de patients stomisés est également très important.

Evolution et réversibilité de l'intervention

La possibilité de fermeture de la colostomie, également appelée rétablissement de la continuité digestive, est une question importante pour de nombreux patients ayant subi une intervention de Hartmann. La décision de rétablir la continuité digestive dépend de plusieurs facteurs, notamment l'état de santé général du patient, la longueur du colon restant, l'absence de complications post-opératoires (péritonite, abcès, fistule), la présence de maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) et le délai écoulé depuis l'intervention initiale.

La fermeture de la colostomie (rétablissement de la continuité digestive) est possible dans environ 50 à 70% des cas, selon les études. Les conditions nécessaires incluent une bonne cicatrisation de l'anastomose colorectale (suture entre les deux extrémités du colon), l'absence d'inflammation chronique, un état nutritionnel satisfaisant, une fonction intestinale résiduelle suffisante et la motivation du patient. Les risques associés comprennent des fuites anastomotiques (risque de péritonite), des infections, des sténoses de l'anastomose, une incontinence fécale temporaire ou permanente, des troubles de la vidange rectale et une altération de la qualité de vie. Le taux de succès varie entre 60% et 80% selon les études, la plus importante étant celle réalisée par Emile et al. en 2007, qui a montré un taux de fermeture de la colostomie de 65% à 1 an.

L'intervention de rétablissement de la continuité digestive consiste à reconnecter chirurgicalement les deux extrémités du colon, en réalisant une anastomose colorectale. Cela peut être réalisé par laparotomie (ouverture de l'abdomen) ou par laparoscopie (chirurgie mini-invasive). Les avantages incluent le rétablissement d'une fonction intestinale normale, l'amélioration de la qualité de vie, la suppression de la poche de colostomie et la diminution du risque de complications liées à la stomie. Les inconvénients comprennent les risques chirurgicaux (hémorragie, infection, lésion d'organes voisins), la possibilité de complications post-opératoires (fuite anastomotique, sténose, incontinence) et la nécessité d'une nouvelle hospitalisation. Si la fermeture de la colostomie est impossible, en raison de lésions trop importantes, de l'impossibilité de rétablir une continuité digestive fonctionnelle, de l'absence de motivation du patient ou de la présence de contre-indications médicales, des alternatives existent pour améliorer la qualité de vie du patient, comme l'utilisation de poches de colostomie plus discrètes, des systèmes d'irrigation colique, un suivi diététique adapté et un soutien psychologique continu. Ces alternatives visent à minimiser l'impact de la colostomie sur la vie quotidienne et à favoriser l'adaptation du patient.

Le délai moyen avant d'envisager une fermeture, si possible et si souhaitée par le patient, est généralement de 6 à 18 mois après l'intervention initiale, afin de permettre une cicatrisation complète, de stabiliser l'état de santé du patient, de traiter les éventuelles complications post-opératoires et d'évaluer la fonction intestinale résiduelle. Une équipe multidisciplinaire composée de chirurgiens digestifs, de stomathérapeutes, de diététiciens, de psychologues et d'infirmières spécialisées doit accompagner le patient dans cette démarche, en lui fournissant des informations claires et complètes sur les bénéfices et les risques de la fermeture de la colostomie, en l'aidant à prendre une décision éclairée et en assurant un suivi personnalisé tout au long du processus.

L'indemnisation des victimes d'accidents de la route ayant subi une intervention de hartmann

Après une intervention de Hartmann suite à un accident de la route, il est essentiel de comprendre les droits à l'indemnisation. Le processus d'indemnisation peut être complexe et semé d'embûches, et il est souvent nécessaire de se faire accompagner par des professionnels spécialisés (avocat, médecin conseil) pour obtenir une réparation juste et complète des préjudices subis. Une connaissance approfondie des postes de préjudices indemnisables et des démarches à suivre est indispensable pour faire valoir ses droits.

Cadre juridique de l'indemnisation

L'indemnisation des victimes d'accidents de la route est encadrée principalement par la loi Badinter du 5 juillet 1985, qui vise à faciliter et à accélérer l'indemnisation des victimes d'accidents de la circulation. Cette loi pose le principe de la responsabilité de plein droit de l'assureur du véhicule impliqué dans l'accident, sauf faute inexcusable de la victime à l'origine exclusive de ses dommages. Ce principe est fondamental et garantit une indemnisation même en l'absence de faute du conducteur du véhicule impliqué. La loi Badinter constitue le socle de la protection des victimes d'accidents de la route et assure une indemnisation intégrale de leurs préjudices, qu'ils soient physiques, psychologiques ou matériels.

Les compagnies d'assurances et les fonds de garantie jouent un rôle central dans le processus d'indemnisation. L'assureur du véhicule responsable de l'accident est chargé d'indemniser la victime, en évaluant les préjudices subis et en proposant une offre d'indemnisation. Si le véhicule responsable n'est pas assuré ou si le responsable n'est pas identifié (délit de fuite), le Fonds de Garantie des Assurances Obligatoires de dommages (FGAO) peut être sollicité pour indemniser la victime. Le FGAO intervient également dans les cas où l'assureur est insolvable ou en liquidation judiciaire, garantissant ainsi une indemnisation même en cas de défaillance de l'assureur.

Il est primordial de se faire assister par un avocat spécialisé dans le dommage corporel dès que possible après l'accident. L'avocat peut conseiller la victime sur ses droits, l'assister lors des expertises médicales (en présence du médecin conseil de la victime), négocier avec l'assureur pour obtenir une offre d'indemnisation juste et complète, et engager une procédure judiciaire si nécessaire pour faire valoir les droits de la victime. Le choix d'un avocat expérimenté en droit du dommage corporel est un atout majeur pour obtenir une indemnisation équitable et optimale. L'avocat peut aussi aider la victime à constituer un dossier solide, à rassembler les preuves nécessaires pour étayer sa demande d'indemnisation et à défendre ses intérêts devant les tribunaux.

Les postes de préjudices indemnisables

L'indemnisation des victimes d'accidents de la route vise à réparer l'ensemble des préjudices subis, qu'ils soient d'ordre patrimonial (financier) ou extra-patrimonial (atteintes à la personne). Chaque poste de préjudice doit être évalué avec précision par un expert médical et un avocat spécialisé, afin de garantir une indemnisation complète et équitable. La nomenclature Dintilhac est souvent utilisée comme référence pour identifier et évaluer les différents postes de préjudices indemnisables.

Préjudices patrimoniaux (incidences financières)

  • Dépenses de santé actuelles et futures : Frais médicaux (consultations, hospitalisations, interventions chirurgicales, examens complémentaires), frais paramédicaux (kinésithérapie, ergothérapie, orthophonie, psychothérapie), frais pharmaceutiques, appareillages (poches de colostomie, matériel de soins), transport médicalisé. Le coût annuel des poches de colostomie et du matériel de soins peut varier entre 1500 et 4000 euros, selon le type de poche et la fréquence des changements.
  • Pertes de revenus actuelles et futures : Arrêts de travail, perte de salaire pendant la période d'incapacité temporaire, perte de gains professionnels futurs (si incapacité à reprendre son ancien emploi ou à travailler à temps plein en raison des séquelles de l'accident). Les pertes de revenus peuvent être significatives, surtout si la victime exerçait une profession physique ou nécessitant une grande mobilité. Une évaluation précise des pertes de revenus futurs est indispensable pour garantir une indemnisation adéquate.
  • Frais d'assistance par tierce personne (aide à domicile) : pour la toilette, l'habillage, les soins de la colostomie, la préparation des repas, l'entretien du logement, les déplacements, etc. L'assistance par tierce personne peut être nécessaire pendant plusieurs heures par jour, voire 24h/24 dans les cas les plus graves, notamment en cas de dépendance totale ou partielle liée aux séquelles de l'accident.
  • Aménagements du logement : adaptation de la salle de bain (installation d'une douche à l'italienne, de barres d'appui, d'un siège de douche), adaptation des toilettes (installation d'un WC surélevé, d'un lave-mains), adaptation de la cuisine (aménagement des plans de travail, installation d'appareils électroménagers adaptés), installation d'un ascenseur ou d'une rampe d'accès, etc. Les aménagements du logement sont souvent indispensables pour faciliter la vie quotidienne de la victime et lui permettre de conserver son autonomie.
  • Frais de véhicule adapté : achat d'un véhicule adapté au handicap de la victime, aménagement du véhicule (installation d'une direction assistée, d'un accélérateur et d'un frein adaptés, d'un siège pivotant), frais d'entretien et de réparation du véhicule adapté.
  • Frais divers : conseils juridiques (honoraires d'avocat), expertise médicale (honoraires du médecin conseil), frais de déplacement, frais d'hébergement, etc.

Préjudices extra-patrimoniaux (atteintes à la personne)

  • Déficit Fonctionnel Temporaire (DFT) : période pendant laquelle la victime est incapable d'effectuer les actes de la vie courante (se laver, s'habiller, se nourrir, se déplacer) et/ou professionnelle, en raison des séquelles de l'accident. Le DFT est indemnisé en fonction du taux d'incapacité temporaire (totale ou partielle) et de la durée de cette incapacité.
  • Déficit Fonctionnel Permanent (DFP) : séquelles permanentes de l'accident, y compris celles liées à la colostomie (troubles digestifs, douleurs chroniques, limitations fonctionnelles, fatigue, troubles du sommeil, troubles de l'humeur, etc.). Le DFP est évalué par un expert médical lors d'une expertise médico-légale, et indemnisé en fonction d'un barème qui tient compte de l'âge de la victime et du taux de DFP. Un DFP de 10% peut entraîner une indemnisation de plusieurs dizaines de milliers d'euros.
  • Souffrances Endurées (SE) : douleurs physiques et morales subies par la victime depuis l'accident jusqu'à la consolidation de son état (stabilisation des séquelles). Les souffrances endurées sont évaluées par l'expert médical sur une échelle de 1 à 7, en fonction de l'intensité des douleurs, des troubles psychologiques et de l'impact sur la qualité de vie.
  • Préjudice Esthétique Permanent (PEP) : cicatrices visibles, colostomie apparente, déformations physiques, etc. Le PEP est évalué par l'expert médical en fonction de son importance et de son impact sur l'apparence physique de la victime. Un PEP important peut entraîner une indemnisation conséquente.
  • Préjudice d'Agrément : impossibilité pour la victime de pratiquer certaines activités de loisirs ou sportives qu'elle pratiquait avant l'accident. Le préjudice d'agrément est indemnisé en fonction de l'importance de l'activité perdue pour la victime et de son impact sur sa qualité de vie.
  • Préjudice Sexuel : impact de la colostomie et des séquelles de l'accident sur la vie sexuelle de la victime (troubles de la libido, douleurs, difficultés d'érection, troubles de l'orgasme, perte de confiance en soi, etc.). Le préjudice sexuel est un poste de préjudice spécifique qui doit être évalué avec attention par un expert médical spécialisé.
  • Préjudice Permanent Exceptionnel (PPE) : reconnaissance de souffrances morales ou psychologiques particulièrement importantes et durables, liées aux circonstances exceptionnelles de l'accident ou à la gravité des séquelles.
  • Préjudice lié à la perte de qualité de vie et à l'impossibilité de vivre une vie normale en raison des séquelles de l'accident et de la colostomie.

Évaluation des préjudices et indemnisation

L'évaluation des préjudices est une étape cruciale du processus d'indemnisation. Elle repose sur une expertise médicale rigoureuse et une analyse juridique approfondie. La victime doit être active et impliquée dans ce processus, et se faire assister par des professionnels compétents (avocat, médecin conseil) pour défendre ses intérêts et obtenir une indemnisation juste et complète.

L'expertise médicale joue un rôle essentiel dans l'évaluation des préjudices. L'expert médical, désigné par l'assureur ou par le tribunal, est chargé de déterminer les séquelles de l'accident, d'évaluer le DFP, les souffrances endurées, le préjudice esthétique, le préjudice sexuel, etc. L'expertise médicale est un moment clé du processus d'indemnisation, car elle permet de chiffrer les préjudices subis et de déterminer le montant de l'indemnisation. L'expert doit également déterminer si la colostomie peut être refermée ou non, et évaluer les conséquences de cette décision sur la qualité de vie de la victime.

Des barèmes indicatifs d'indemnisation sont utilisés par les assureurs et les tribunaux pour évaluer les différents postes de préjudices. Ces barèmes permettent de fixer un montant d'indemnisation en fonction de la gravité des séquelles, de l'âge de la victime et d'autres critères. Il est important de noter que ces barèmes sont indicatifs et que l'indemnisation peut être négociée en fonction des particularités de chaque cas. L'avocat de la victime peut utiliser ces barèmes comme base de négociation avec l'assureur.

La négociation avec l'assureur est une étape importante du processus d'indemnisation. L'avocat de la victime peut négocier avec l'assureur pour obtenir une offre d'indemnisation juste et complète, en tenant compte de tous les préjudices subis par la victime. Une stratégie de négociation efficace est essentielle pour défendre les intérêts de la victime et obtenir une indemnisation équitable. Si la négociation avec l'assureur n'aboutit pas à un accord, une procédure judiciaire peut être engagée devant le tribunal compétent.

En cas de désaccord avec l'offre d'indemnisation de l'assureur, plusieurs recours sont possibles : une expertise judiciaire (désignation d'un expert médical par le tribunal pour évaluer les préjudices) ou une procédure devant le tribunal compétent (tribunal de grande instance ou tribunal administratif, selon le cas). L'expertise judiciaire permet d'obtenir un avis médical indépendant sur l'évaluation des préjudices. La procédure devant le tribunal permet de faire trancher le litige par un juge, qui fixera le montant de l'indemnisation en fonction des éléments de preuve apportés par les parties (rapports d'expertise, témoignages, documents médicaux, etc.).

Particularités liées à l'intervention de hartmann

L'intervention de Hartmann présente des particularités qui doivent être prises en compte lors de l'évaluation des préjudices. La colostomie, en particulier, a un impact significatif sur la qualité de vie de la victime et doit être indemnisée en conséquence. Il est essentiel de prendre en compte les conséquences physiques, psychologiques et sociales de la colostomie pour évaluer au mieux les préjudices subis par la victime.

La colostomie est un facteur aggravant du DFP et des souffrances endurées. Elle entraîne des troubles digestifs (diarrhées, constipations, ballonnements), des douleurs abdominales chroniques, des limitations fonctionnelles (difficultés à se déplacer, à pratiquer certaines activités), des troubles de l'image corporelle, une perte de confiance en soi et des difficultés psychologiques (anxiété, dépression, troubles du sommeil). L'impact de la colostomie sur la vie quotidienne de la victime doit être pris en compte dans l'évaluation du DFP et des souffrances endurées. Par exemple, une personne active et sportive peut voir sa capacité physique réduite de 40 à 60% en raison de la colostomie et des séquelles de l'accident.

Une évaluation précise des conséquences psychologiques et sexuelles est indispensable. La colostomie peut avoir un impact important sur la vie sexuelle de la victime, entraînant des troubles de la libido, des difficultés d'érection (chez l'homme), des douleurs lors des rapports sexuels (chez la femme), une perte de désir, une altération de l'image corporelle et une diminution de la qualité de vie sexuelle. Un suivi psychologique et sexologique est souvent nécessaire pour aider la victime à surmonter ces difficultés et à retrouver une vie sexuelle épanouie. L'impact psychologique de la colostomie sur la confiance en soi, l'estime de soi et les relations sociales doit également être pris en compte.

Une argumentation solide doit justifier les frais futurs liés à la gestion de la colostomie : matériel de soins (poches de colostomie, filtres, produits d'hygiène), consultations médicales (chirurgien digestif, stomathérapeute, psychologue, diététicien), hospitalisations, traitements médicamenteux, etc. Ces frais représentent un coût important pour la victime et doivent être indemnisés intégralement par l'assureur. Selon les estimations, un patient stomisé peut dépenser entre 2500 et 6000 euros par an pour la gestion de sa colostomie.

La possibilité (ou non) de fermeture de la colostomie doit être prise en compte dans l'évaluation du DFP. Si la fermeture de la colostomie est possible, l'indemnisation doit tenir compte des risques et des complications potentiels liés à cette intervention (fuite anastomotique, infection, incontinence fécale). Si la fermeture est impossible ou contre-indiquée, l'indemnisation doit être plus importante, car la victime devra vivre avec une colostomie à vie, avec toutes les conséquences que cela implique sur sa qualité de vie.

Conseils pratiques aux victimes

Voici quelques conseils pratiques pour les victimes d'accidents de la route ayant subi une intervention de Hartmann. Ces conseils visent à les aider à mieux gérer leur situation, à faire valoir leurs droits et à obtenir une indemnisation juste et complète.

Immédiatement après l'accident

  • Conserver précieusement tous les documents médicaux : rapports d'hospitalisation, comptes rendus opératoires, prescriptions médicales, résultats d'examens complémentaires (radiographies, scanners, IRM, analyses de sang, etc.). Ces documents sont essentiels pour prouver les préjudices subis et étayer votre demande d'indemnisation.
  • Conserver toutes les factures : frais médicaux (consultations, hospitalisations, examens), frais paramédicaux (kinésithérapie, psychothérapie), frais de transport, frais d'appareillage (poches de colostomie, matériel de soins), etc. Ces factures permettent de chiffrer les dépenses engagées et de demander le remboursement de ces frais à l'assureur.
  • Déclarer l'accident à votre assureur (assurance responsabilité civile automobile, assurance individuelle accidents, assurance multirisques habitation) dans les délais impartis (généralement 5 jours ouvrés).
  • Prendre des photos des lieux de l'accident, des dommages matériels (véhicule endommagé) et des blessures corporelles. Ces photos peuvent servir de preuves pour établir les circonstances de l'accident et l'étendue des préjudices subis.
  • Recueillir les témoignages de témoins éventuels de l'accident (nom, prénom, adresse, numéro de téléphone). Les témoignages peuvent être précieux pour établir la responsabilité de l'accident et prouver les circonstances de l'accident.

Suivi médical et psychologique

  • Consulter régulièrement votre médecin traitant et un spécialiste des troubles digestifs (gastro-entérologue) pour assurer un suivi médical adéquat et prévenir les complications liées à la colostomie.
  • Envisager un suivi psychologique (thérapie individuelle ou de groupe) pour faire face aux conséquences émotionnelles de l'accident et de la colostomie (anxiété, dépression, troubles du sommeil, troubles de l'image corporelle). Le soutien psychologique est essentiel pour aider la victime à surmonter les difficultés et à retrouver une qualité de vie satisfaisante.
  • Participer à des groupes de parole ou à des associations de patients stomisés pour échanger avec d'autres personnes vivant la même situation, partager vos expériences et bénéficier d'un soutien moral et de conseils pratiques.

Assistance juridique

Contacter un avocat spécialisé dans le dommage corporel dès que possible après l'accident. L'avocat peut :

  • Vous conseiller sur vos droits et vous informer sur les démarches à suivre pour obtenir une indemnisation juste et complète.
  • Vous assister lors des expertises médicales et défendre vos intérêts face à l'expert désigné par l'assureur.
  • Négocier avec l'assureur pour obtenir une offre d'indemnisation équitable.
  • Engager une procédure judiciaire si nécessaire pour faire valoir vos droits devant les tribunaux.

Association de victimes

Il est conseillé de se rapprocher d'une association de victimes d'accidents de la route ou de personnes stomisées. Les associations peuvent offrir un soutien moral, des informations pratiques et un partage d'expériences. Ces organisations proposent des conseils juridiques, un accompagnement psychologique et peuvent vous orienter vers des spécialistes (avocats, médecins conseils) compétents dans le domaine du dommage corporel.

Ces organisations proposent des conseils et peuvent aiguiller vers des spécialistes.

La vie après une intervention de Hartmann est différente, cela ne veut pas dire qu'elle est finie, le plus important est de se faire accompagner et de connaître ses droits. Avec un soutien médical, psychologique et juridique approprié, il est possible de surmonter les difficultés et de retrouver une qualité de vie satisfaisante. Le processus d'indemnisation est un droit, n'hésitez pas à le faire valoir pour obtenir une réparation juste et complète de vos préjudices.

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